"On the hard in Turks & Caicos", explication!

Le bateau est équipé d'une hélice pliante, elle se met en drapeau lorsque le bateau est en mouvement à voile. Ainsi on diminue le freinage et élimine tous bruits de vibration dûs à l'hélice et on augmente la performance en vitesse. Les pales de ce genre d'hélice tournent sur leur axe pour permettre ce comportement. Lorsqu'on est à moteur les pales se positionnent correctement dans un sens ou dans l'autre selon qu'on avance ou recule et fournissent la propulsion nécessaire.

L'eau salée est très dure pour toutes les composantes mécaniques et autres, de plus la vie sous-marine croît rapidement dans les eaux chaudes et réussit à s'incruster partout.

Tout ça a conduit au fait que l'hélice est maintenant plus ou moins bloquée et ne fonctionne pas très bien, ce qui donne des comportements un peu aléatoires!!!

Le tout a commencé à San Juan, Puerto Rico. J'ai senti pour la première fois que l'hélice restait bloquée. C'est en allant à un quai pour faire le plein de fuel que c'est arrivé. Rien de trop grave, en poussant un peu plus le moteur, la pression de l'eau plus grande force l'hélice en place. Je n'en fait pas de cas et espère que tout fonctionne adéquatement jusqu'au Canada puisqu'on ne prévoit pas sortir le bateau de l'eau d'ici là.

Alors n'en faisant pas trop de cas, on part vers la République Dominicaine en prévoyant aller s'amuser dans les belles piscines de la marina Puerto Bahia. Nous arrivons donc en République après la longue traversée de 32 heures.

Rêve d'Océan nous suit dans le Mona Passage vers la République.

Question de m'assurer que je pourrai freiner en entrant au quai, je décide de tester l'hélice avant d'entrer dans la marina.  Bang! C'est là que le "jam" se produit. L'hélice ne répond carrément plus. Elle se met en avant ou en arrière une fois sur 5 à peu près et ça nécessite de faire tourner le moteur à très haut régime. Il arrive même qu'elle bloque de telle sorte que j'obtiens de la propulsion vers l'avant en mettant le moteur autant en marche arrière qu'en avant. Imaginez arriver au quai et accélérer vers l'avant au lieu de freiner en mettant la marche arrière. L'étrave aurait fait une rencontre plutôt abrupte avec le quai de ciment!  Quelle bonne idée d'avoir testé avant d'entrer.

On n'a pas frappé de mur mais nous voilà dehors dans les vagues juste à l'entrée de la marina sans hélice fonctionnelle. Par chance, nous naviguions avec Rêve d'Océan et en plus Oséo et Marama sont déjà ici depuis une journée ou deux. Les amis d'Oséo parlent d'ailleurs très bien l'Espagnol et organisent notre entrée. On entre donc très lentement pour arriver dans le slip presque à l'arrêt et tous les amis et des gens de la marina nous aident à arrêter complètement et à nous amarrer. Ouf! on est immobile! Au pire, nous aurions pu aller s'ancrer au mouillage de Samana, à quelques milles mais y aller implique de combattre vent et vagues, ce qui n'était vraiment pas attrayant après cette longue traversée en plus d'une propulsion moteur questionnable.


Alors un peu de repos et on se remue rapidement les méninges à jongler avec les différentes options de solution. Quelques faits: j'ai l'hélice originale à bord, une hélice fixe qui peut être installée au lieu de la pliante. Il existe très peu de services en République pour sortir les bateaux de l'eau et y obtenir l'expertise. Il y a bien une marina au sud de l'île, ça signifie se taper le Mona Passage dans le mauvais sens et c'est à une trentaine d'heures minimum, sans compter qu'il faut après en revenir soit en faisant le chemin inverse ou continuer vers l'ouest en passant au sud d'Haîti. Le Mona Passage ne se fait pas vraiment sans bonne propulsion moteur et j'ai observé que l'hélice peut se bloquer avec un "pitch" faible, ce qui donne peu de propulsion. Je découvre qu'il existe une marina à Turks & Caicos qui semble avoir ce qu'il faut pour faire ce genre de travail, sans en être certain.

Ce genre d'hélice doit être graissée régulièrement. Ronald, d'Oséo, a le "gun" ainsi qu'un peu de graisse blanche pour essayer de graisser le tout en travaillant sous l'eau.


Avec son aide, on obtient ce qui semble être un bon résultat. Etant toujours attaché au quai et en passant d'avant à arrière et vice-versa, on peut voir que les pales se tournent de mieux en mieux et prennent leurs positions. Echange de bon service, Carole avait réparé leur grand-voile la veille.

J'y retourne encore le lendemain pour passer plus de graisse, question de faire sortir tous débris et bien graisser. Pendant tout ce temps on ne réussit jamais à faire tourner les pales à main, ce qui devrait être possible, mais les changements avant/arrière du moteur semblent donner l'impulsion nécessaire pour placer l'hélice correctement.

La confiance est revenue, on prévoit même partir avec Rêve d'Océan pour aller visiter Los Haitises, un site à une dizaine de milles.

Aurons-nous le reculons pour sortir du quai et est-ce que l'hélice se placera d'avant pour repartir? Nous espérons pour le mieux. Tout va bien pour sortir du quai sauf qu'une fois en mer rien ne va plus. Les comportements sont encore aussi bizarres et imprévisibles. Que faire? Los Haitises, la marina au sud de l'île, celle aux Turk, ...? Une chose est certaine, il faut que ce problème soit réglé!

Je trouve le # de téléphone de Caicos Marina dans mon database Active Captain. Mon téléphone est mort! Argh!! Je le branche quelques minutes sur l'inverseur pour le charger. Pendant ce temps j'appelle Rêve d'Océan pour leur dire que je vais essayer de contacter la marina aux Turks et confirmer qu'ils peuvent aider à régler ce genre de problème. Nous n'irons pas à Los Haitises et Rêve d'Océan nous attend pour l'instant à l'embouchure de la marina.

La marina a ce qu'il faut, alors la décision est rapide, on va s'ancrer à Samana pour un départ le lendemain vers Turks & Caicos. On prendra la même belle fenêtre météo qu'Oséo et Marama car eux avaient décidé de partir déjà le lendemain alors que nous devions rester ici avec Rêve d'Océan pour visiter quelques sites. Il y aura donc 4 bateaux sur la route puisque Rêve d'Océan décide de rester avec le groupe. Carole est triste de manquer la visite de Los Haitises et de chutes mais il y a des priorités qu'on ne peut ignorer. Nous devions profiter un peu plus de cette belle marina en République qui équivaut à un resort cinq étoiles. Quelques belles photos tout de même:










L'hélice finit par bien se placer pour la propulsion avant et on se rend à Samana. Je décide de ne pas reculer sur l'ancre, question de garder le pitch pour la propulsion que je veux conserver jusqu'à la destination finale qui est la marina Caicos. On fait la sortie officielle de la République et départ prévu le lendemain à 7 heures. Il nous faut du moteur pour une dizaine de milles mais une fois le coin de la République tournée, c'est vent dans le dos pour plus de 24 heures pour un premier arrêt à Big Sand Cay, arrêt nécessaire pour la nuit pour entreprendre la traversée du banc des Turks qui ne peut être faite que de jour.

Vers l'ouest sur Turks & Caicos
Il faut aussi mentionner qu'en route, l'hélice s'est mise à causer des vibrations et que le "stuffing box" où l'arbre d'hélice entre dans la coque a commencé à laisser entrer de l'eau!!! Pas une bonne nouvelle. Heureusement le vent se lève un peu plus, on a pu arrêter le moteur pour une bonne partie de la navigation mais comme le pitch était en marche avant, l'hélice tournait tout de même et continuait à causer des vibrations et des bruits ennuyants. Mais moins d'eau qu'avec le moteur en marche, ouf!

Oséo continuait directement jusqu'aux Bahamas, Rêve d'Océan avait des problèmes avec l'auto-pilote, alors ils décident d'arrêter aux Turks aussi, et Marama y va pour les Turks également. Au bout d'une autre longue traversée de nuit, on arrive enfin aux abords de Turks & Caicos.

De retour dans les eaux cristallines et turquoises!!!

Après une bonne nuit de repos à Big Sand Cay, Marama et nous entreprenons de traverser le banc, une autre navigation d'une soixantaine de milles, donc près de 10 heures. Rêve d'Océan veut vérifier le pilote dans un mouillage plus près à South Caicos.

Marama, notre jumeau, un Jeanneau 44i

















Nous devons "timer" notre entrée à la marina avec la marée haute ce qui est embêtant et ne concorde pas avec le fait de devoir faire le banc de jour. Pas le choix, nous devrons dépasser la marina d'environ 7 milles jusqu'à Sapodilla Bay pour y passer la nuit. Pourrons-nous revenir face aux vagues et au vent le lendemain avec le vent qui commence à hurler fort de plus en plus. Décidément le stress ne lâche pas! Marama est avec nous à Sapodilla Bay.  Comme c'est la fête de notre Tristan ainsi que celle de Jonathan sur Marama, on se regroupe sur Marama pour une petite détente bien méritée!

Pour eux, c'est la décision à savoir s'ils continuent sur les Bahamas dans cette météo qui grossit et pour nous, serons-nous capable d'affronter ce vent et ces vagues de face pour aller à la marina.  S'ils sont encore là au matin, c'est qu'ils auront décidé de rester ici pour quelques jours.

Le matin venu, Carole et moi avons la même ferme intention d'essayer ce dernier petit trajet tout de suite. Les conditions ne sont pas idéales, il vente à 20-25 noeuds, nous aurons le soleil de face avec les hauts fonds du banc qui sont dangeureux mais nous avons confiance. On part vers 8 heures (Marama est toujours là d'ailleurs) pour arriver près de 11h, heure de marée haute.

Le trajet se fait assez bien en quelques tacks avec la grand-voile au près très serré et l'aide d'une hélice que je ne pousse pas à plus de 1800 rpm en raison des vibrations et de l'entrée d'eau.

Reste l'approche sans avoir de reculons dans cette marina au passage sinueux et très étroit avec le vent à plus de 20 noeuds qui ne lâche pas! Ça va bien, après le canal, j'avance lentement avec le vent de face pour tourner au final à 90 degrés sur le mur où on m'attrape, ce juste à côté du puit pour le travel-lift. Enfin! Quatre jours après notre départ de Samana, nous sommes immobiles et devrions repartir d'ici complètement fonctionnel ... éventuellement, espérons-le!

L'expert vérifie si on devrait enlever le safran pendant qu'on est dans les "slings"!!  Pas nécessaire, Ouf!!!

En fait, c'est vraiment dommage que l'hélice n'ait pas bloqué complètement à San Juan, nous étions à côté d'une marina avec toutes les facilités et sur une île où il y a tout à prix raisonnable. Bon, nous sommes tout de même hors de l'eau maintenant dans un yard qui a la bonne expertise pour régler tout ça. En effet, Mike et Gilles de "Caribbean Marine and Diesel", une shoppe installée sur le site de la Marina sont visiblement très fort dans le domaine et je suis tout de suite en confiance que ce problème sera bien résolu. Au moment de publier d'ailleurs, le plus difficile est fait. L'hélice, le "cutlass bearing" et le "stuffing box" sont tous démontés, ce qui a nécessité une bonne dose d'ingéniosité, d'outils spéciaux et d'huile de bras!


Nous serons ici pour au moins une autre semaine, le délai approximatif pour recevoir un nouveau "seal".  Pendant ce temps, l'hélice sera bien nettoyée et réassemblée et le nouveau "cutlass" devrait être livré et installé.  Selon le résultat, nous déciderons si on réinstalle l'hélice pliante ou l'hélice fixe que j'ai à bord.



1 commentaires:

Anonyme a dit...

Ouf... contente d'avoir des nouvelles et elles semblent pas trop mal, mis à part que c'est long tout ça. J'espère que vous profitez quand meme des Turks... pas facile dans un yard, je sais! Alors pour nous, nous sommes rendu, ou devrais-je dire, enfin rendu! à Long Ilsand. Les Far Bahamas sont derrière nous, yé"! On se revoit j'espère!

Catherine
Oséo

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